Groupement Interprofessionnel de Fabricants pour l'Étude de la Commercialisation
27/03/2023 | La maîtrise des pratiques managériales

L'engagement RSE en France : où en est-on ? Quels sont les principaux freins à la démarche et comment les surmonter ?

La RSE est une démarche qui engage l’ensemble des salariés de l'entreprise. Elle doit être comprise par tous. Ce qui suppose une définition claire et précise. Les progrès réalisés sur les thématiques abordées doivent aussi pouvoir être mesurés. Ce qui implique la mise en place d'actions très concrètes avec un impact quantifiable. Enfin, impossible de développer un engagement RSE sans effectif dédié. Ces différents aspects sont autant de freins à la généralisation d’une démarche RSE efficace dans les entreprises françaises.

 

Qu’est-ce qu’une démarche RSE ?

La RSE reprend les critères généraux du développement durable pour les appliquer à l’échelle de l'entreprise. On retrouve ainsi les volets économiques, sociaux et environnementaux. La responsabilité sociétale de l'entreprise ne s’oppose pas à la performance. Au contraire, un fonctionnement responsable lui permet d'inscrire ses activités dans la durée tout en restant compétitive sur le marché.

Le rapport du Medef sur la perception de la RSE en 2022 constate une progression de la compréhension de cette fonction. La part des répondants qui confient ignorer à quoi la RSE fait référence tend à diminuer d’année en année. Le concept est mieux cerné et semble aussi se diffuser à plus grande échelle dans les entreprises. En 2017, seuls 15 % des sondées avaient connaissance d’un pôle RSE actif dans leur structure. En 2021, ce taux grimpait déjà à 31 % pour atteindre 36 % en 2022.

Le rapport souligne également que la connaissance de la fonction RSE diminue avec l’âge des interrogés. Les jeunes entrant sur le marché du travail s'intéressent davantage à ces questions et ont aussi une vision plus positive de la démarche. Selon ce rapport, 68 % des 16-24 ans pensent que le monde de l’entreprise peut vraiment faire la différence. L'enthousiasme est plus modéré chez les tranches d'âge supérieures. À tort ou à raison ?

 

« Pas d’amélioration à grande échelle » pour la Commission européenne

La proposition de « Directive du Parlement européen sur le devoir de vigilance des entreprises » note que les démarches volontaires n’ont malheureusement pas eu un impact à grande échelle. Sur le territoire de l’UE, le travail forcé, le travail des enfants, les conditions de travail à risque (santé et sécurité) ou encore l’émission de composés toxiques pour l’environnement restent une réalité.

Le rapport salue la création de cadres juridiques portant sur la RSE des entreprises des États membres, mais regrette sa fragmentation au sein du territoire. De fait, les différents degrés de vigilance applicables créent un climat d'inégalité des conditions de concurrence. Pour la Commission, la solution passe par la mise en place d’une législation de l'Union sur le devoir de vigilance des entreprises à l’endroit des questions environnementales et sociétales.

 

Les freins au déploiement de la RSE en France

 

À l'échelle de la France, les limites de la RSE sont principalement liées aux moyens financiers et humains consacrés à la démarche. Le baromètre open-source proposé par la plateforme Vendredi, nous offre une photographie intéressante du paysage entrepreneurial français et de son engagement.

Un manque de ressources

Sur les 345 entreprises étudiées par le baromètre 2021, un tiers n’avait pas encore constitué un budget dédié à la RSE. À ce manque de moyens financiers, s’ajoute une carence en ressources humaines. Les plus petites structures sont naturellement les plus touchées. Près des ⅔ des TPE n’ont pas d’équipe affectée au pôle RSE. Pour le tiers restant, il s’agit essentiellement de petits effectifs, de 1 à 2 personnes. Au sein des grands groupes, ces effectifs montent à 5 - 6 personnes et plus. Mais dans l’ensemble, 45 % des entreprises interrogées ont une toute petite équipe RSE, de 1 à 2 personnes, et près de 30 % n’ont aucune équipe dédiée.

Un manque de visibilité

La difficulté à objectiver et à mesurer l’impact de différentes actions explique en partie les freins budgétaires. Pour débloquer les fonds nécessaires, il faut pouvoir communiquer sur des données et des projections très concrètes. Il semblerait que l’exercice se complique pour les thématiques plus sociétales. Par exemple, dans le cadre de la rénovation énergétique du parc tertiaire, les objectifs des entreprises en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont clairement définis et les progrès sont mesurables. Cette précision chirurgicale n’est pas toujours possible sur des thématiques sociétales où la mesure du « progrès » s’avère plus complexe.

Des enjeux sociétaux qui passent au second plan

La réduction de l'empreinte carbone apparaît comme prioritaire dans les entreprises françaises interrogées. Environ 4 sur 5 surveillent leur impact environnemental ou prévoient de mettre en place des mesures pour le réduire. Quant aux actions de mécénat, celles-ci visent principalement des structures engagées sur des problématiques environnementales.

Un pas en avant pour la préservation des ressources et des écosystèmes, mais qu’en est-il du volet sociétal de la RSE ? L'implication des entreprises est très changeante selon les thématiques évoquées. Dans les grandes lignes, toutes s’entendent sur l’importance de l’égalité hommes-femmes, quelle que soit la taille de la structure. En revanche, la question du handicap est davantage traitée par les grandes entreprises. Les actions de mécénat sur les sujets sociétaux visent essentiellement les problématiques d’insertion professionnelle et d'égalité des chances sur le marché du travail.

Les labels à la rescousse

Pour que la démarche RSE ait un réel impact sur l’image de l'entreprise, elle doit être fiable et reconnue. Cela peut passer par l'obtention d’un label spécialisé. Les organismes de certification se multiplient sur ce secteur porteur. Ils accordent des labels, mais, surtout, ils accompagnent les entreprises dans leur transformation. Ces acteurs proposent le plus souvent une assistance ciblée par secteur d'activités et par taille d'entreprise. Leur intervention est de plus en plus sollicitée pour officialiser un engagement et trouver des pistes d'amélioration concrète pour son entreprise.