Groupement Interprofessionnel de Fabricants pour l'Étude de la Commercialisation
23/02/2023 | La maîtrise des pratiques managériales

Les entreprises du secteur de l'industrie n'échappent pas à la tendance générale sur le marché du travail : la quête de sens des salariés. Comment l’adresser ?

Quête de sens, désir d'évoluer, de se sentir utile, de partager des valeurs communes… Ces aspirations ne sont pas nouvelles, mais elles gagnent en puissance dans l'esprit des salariés et influencent toujours plus leurs choix de carrière. À la lumière de plusieurs enquêtes récentes sur les actifs en France, on tente de faire le point sur ce qui motive les collaborateurs de la décennie 2020.

 

Qu’est-ce que le « sens » au travail ?

Cette question a été posée à un panel de Français interrogés en 2022 dans le cadre d’un sondage Opinion Way pour l’Anact, sur la qualité de vie au travail. Il en ressort trois axes incontournables :

  • l’utilité du travail au sens large ;
  • l’accord entre ses propres valeurs et celles de l'entreprise ;
  • l'épanouissement personnel et professionnel au travail.

Plus précisément, le salarié peut trouver du sens au travail s’il se sent utile à la société, à l'entreprise, à ses bénéficiaires ou à ses clients. L'épanouissement regroupe quant à lui des critères comme la liberté de s’exprimer, de progresser et d’évoluer dans son milieu professionnel.

 

Le sens au travail, une réalité et des aspirations fortes

Dans cette enquête, publiée au printemps dernier, l’Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) relève un nombre « remarquablement élevé » de salariés qui considèrent que leur métier est porteur de sens. Ils étaient plus de 84 % à le revendiquer. De quoi laisser les services RH se reposer sur leurs lauriers ? Pas vraiment.

Car, s’ils semblent trouver davantage de sens au travail, les collaborateurs sont aussi devenus plus exigeants. 4 sondés sur 10 ont ainsi confié qu’ils quitteraient volontiers leur poste, s’ils se voyaient proposer une opportunité qui ait encore plus de sens à leurs yeux. Les jeunes et les femmes interrogés se sont révélés particulièrement sensibles à cet argument selon les détails de l’étude.

 

Un sens qui évolue selon les générations

Un grand nombre d'enquêtes se penchent sur les aspirations des jeunes talents fraîchement sortis des bancs de l’école. Ces individus portent généralement des valeurs fortes et peuvent se montrer intransigeants dans leur choix de carrière. Les enjeux climatiques et le bien-être au travail sont alors des critères prépondérants qui peuvent facilement l'emporter sur celui de la rémunération.

À la rentrée 2022, l’école de commerce ISC Paris a commandé une étude à BVA Opinion. L’échantillon se compose de jeunes de 18 à 24 ans avec des niveaux d’étude très différents : de sans bac, à bac+5. Verdict : 40 % d’entre eux placent le bien-être devant la rémunération ou le temps libre.

Or, si on élargit la focale, la rémunération reste le nerf de la guerre pour la majeure partie des salariés. Cette tendance générale ressort dans l’étude de l’Anact. La rémunération est perçue comme une reconnaissance de la valeur du travail. Plus de 80 % des interrogés pensent qu’un travail qui a du sens doit aussi permettre de « gagner correctement sa vie », voire de « gagner beaucoup d’argent » pour 55 % des répondants.

À noter que, sur ces dernières questions, ce sont les moins de 35 ans qui se montrent les plus d’accord (respectivement 85 % et 67 %). La tranche 25 - 35 ans est donc attentive à tous ces facteurs : écologie, bien-être, mais aussi rémunération et reconnaissance.

Dans tous les cas, le lien entre le bonheur et le travail est solide. Pour 82 % des personnes interrogées dans le cadre d’un sondage Ifop pour le média numérique Philonomist, l'entreprise est responsable de leur bonheur. Ne devrait-elle d’ailleurs pas déployer davantage de moyens pour le bonheur de ses salariés, avant même de s’investir dans une démarche sociétale ou environnementale plus globale ? C'est ce que nombre de salariés semblent penser…

 

Moins d'engagement à grande échelle et plus de reconnaissance au quotidien

Si les jeunes entrant sur le marché du travail valorisent l'engagement des entreprises pour les grandes causes de notre siècle (climat, environnement, inégalités…), les Français de tout âge sondés par cette étude se montrent plus nuancés. Issu des secteurs privé et public, le panel du Philonomist considère que ce rôle revient à l’État et que l'entreprise doit se recentrer sur son périmètre d'activités, et plus particulièrement sur le bien-être des salariés.

Les réponses aux questions sur la raison d’être de l'entreprise sont révélatrices : 35 % considèrent que la priorité de l'entreprise est de « servir ses clients », et 34 % placent le « profit » en pole position. « Rendre un monde meilleur » n’a été plébiscité qu’à 12 % dans cette étude. À noter que les salariés du secteur public sont plus enclins à confirmer cette affirmation (19 %). 

Le salarié français resterait donc très pragmatique quant à la Responsabilité Sociale de l'Entreprise (RSE). Ce qui ne l'empêche pas d’exprimer ses idéaux sur des aspects très concrets du quotidien au travail.

 

Un désir d'épanouissement inassouvi

Plusieurs situations frustrantes pour le salarié sont pointées du doigt dans cette étude, et sont à méditer pour améliorer sa gestion des ressources humaines.

35 % des interrogés se sentent brimés dans l'expression de leur esprit critique.

42 % se déclarent liés à leur entreprise uniquement par le contrat de travail, ce qui exclut l’adhésion aux valeurs de l'entreprise et à leurs objectifs en tant que salariés.

Plus de la moitié du panel confie agir contre ses propres valeurs dans le cadre de ses missions pour l'entreprise.

54 % s'estiment infantilisés par leur hiérarchie, un sentiment qui freine l’esprit d'initiative et suscite la lassitude, voire la défiance des effectifs.

Une grande majorité, 71 %, avouent craindre que leur poste ne disparaisse avec le développement de l'intelligence artificielle.

 

Qu’est-ce qui motive les troupes en ce début de décennies ?

La présente étude fait ressortir 4 grands axes de motivation des salariés. Ces réponses ont été approuvées à 30 % ou plus par les interrogés.

La rémunération est le premier facteur de motivation, et de loin : 60 % des répondants s’accordent sur l’importance du salaire. La satisfaction dans la réalisation des tâches quotidiennes, la reconnaissance de la valeur du travail accompli et la convivialité viennent ensuite en 2e, 3e et 4e positions.

Là encore, l’impact du travail sur la société apparaît comme secondaire. Il n’est pas négligé, mais il n’est pas non plus prioritaire. Fait intéressant, l'utilité du travail pour la société est beaucoup plus valorisée chez les salariés du secteur public. Ils sont 20 % à considérer ce critère comme un facteur de motivation, contre seulement 13 % des salariés du privé.